Juste la fin du monde
de Jean-Luc Lagarce, texte publié aux éditions Les Solitaires Intempestifs
Retours de spectateurs suite à la première le 6 mai 2022 au Carré d’Arts à Elven :
« Une pièce d’une intensité sidérale, un engagement ébourrifant des comédiens, une mise en scène qui est une épure au scalpel… Du grand Art ! » Erik Krüger, comédien (59 ans de carrière), issu du Théâtre Populaire National sous la direction de Georges Wilson, Metteur en scène de théâtre et d’opéra, Directeur de compagnie, initiateur des Créneaux de Suscinio
« J’ai été autant impressionné par la qualité du spectacle que par l’enthousiasme et la ferveur du public. Un grand bravo au metteur en scène pour son exigence, sa créativité, son audace et son courage. » Serge Poirot, journaliste à Ouest France Rennes
« Vous étiez magnifiques !! J’ai beaucoup aimé la préparation de la famille sur scène dès l’entrée du public… Et surtout les scènes en musique, c’était très beau et très fort. Bravo aux comédiens…
Bravo aussi pour les échanges à la fin, c’est bien la première fois que je vois ça après une représentation ! Merci pour cette soirée ! » Sophie Piéplu, journaliste à RCF Sud Bretagne
« Une pièce magnifique, un jeu et une mise en scène excellents. Merci pour l’émotion, le partage. »
« J’ai beaucoup aimé la mise en scène, simple mais originale, apprécié le jeu des acteurs et des actrices qui ont servi admirablement le texte de Jean Luc Lagarce qui met en évidence les liens complexes de la famille. Les instants musicaux , les danses, ont apporté du souffle aussi…«
Félicitations aux comédiennes et comédiens pour cette belle performance ! BRAVO d’avoir choisi ce texte si peu joué et de l’assumer. Un plus : les scènes sans paroles, les chorégraphies, qui donnent à comprendre l’histoire passée. Raymonde Butterworth, Ancienne Vice-Présidente en charge de la culture à Golfe du Morbihan Vannes Agglomération, Ancienne Maire-Adjointe en charge de la culture à la Ville de Plescop
Louis n’est pas revenu dans sa famille depuis douze ans. Ce dimanche, c’est le « retour de l’enfant prodigue ». La mère, son frère Antoine, sa soeur Suzanne, sa belle-soeur Catherine, tous l’attendent avec une certaine fébrilité. Mais Louis revient pour annoncer quelque chose de sérieux. Son absence, les non-dits, les frustrations et les rancoeurs lui laisseront-ils l’espace pour dire ?
Avec « Juste la fin du monde », Jean-Luc Lagarce nous permet de questionner notre rapport à la famille. Ne nous sommes-nous pas tous construits par imitation ou par opposition ? Louis a fait le choix de partir, il y a douze ans. Presque sans donner de nouvelles. Pourquoi est-il parti ? Comment les membres de sa famille ont vécu son absence ? Mais Lagarce nous interroge également sur notre rapport à l’amour, sur cette étrange paradoxe haine/passion qui nous unit aux membres de notre famille. Les non-dits, les sentiments d’amertume, l’envie de toucher l’autre par une remarque blessante… n’engendrent-ils pas ce que l’on nomme la « confusion des langues » ? Une incapacité à s’entendre ? Est-ce cela que nous pouvons appeler l’Amour ?
https://www.ouest-france.fr/bretagne/elven-56250/juste-la-fin-du-monde-avec-la-compagnie-instant-s-491afe14-c9f9-11ec-8cc7-af8030420bf7 Article paru dans le Ouest France le mercredi 4 mai 2022
LA SCÉNOGRAPHIE
Une méridienne occupe l’espace central. Une méridienne baroque qui tranche avec les informations que le texte de Lagarce nous communique sur le niveau social de cette famille. Comme si les parents avaient souhaité investir une somme importante pour meubler cet espace de convivialité, cet espace où l’on reçoit. « …nous n’étions pas extêment riches, non, mais nous avions une voiture… » ; « …le premier dimanche de mai… le premier dimanche après le 8 mars… le premier dimanche des congès d’été – on disait qu’on « partait en vacances », on klaxonnait… » La mère, Première partie, Scène 4
Cette méridienne est éclairée avec une attention particulière, des changements subtils : au démarrage, la lumière rasante vient de cour. Progressivement, elle progresse au dessus des personnages pour aller s’éteindre à jardin à la fin, marquant ainsi la course du soleil, signifiant l’importance de la notion du temps, le temps qui reste à Louis, le temps qui passe pour dire ce qu’il y a à dire.
Deux espaces, un à jardin et un à cour, viennent former, avec la méridienne, un triangle dont la base est le public. Ces espaces sont les espaces des confidences, des scènes intimistes entre Louis et les membres de sa famille (d’abord Suzanne à la scène 3, Catherine, ensuite, à la scène 6, puis la mère à la scène 8 de la Première partie…) Des tissus en tulle, fixés sur le grill à la verticale, permettent de traduire le voile posé sur les sentiments des personnages, viennent s’interposer entre eux et
remplissent ces deux espaces.
LE MAQUILLAGE ET LES COSTUMES
Ce dimanche est un jour particulier pour la famille de Louis. Louis n’est pas venu depuis douze ans. Il est écrivain. Il a réussi. Son retour annoncé représente pour la mère un événement ! Il faut s’endimancher ! Chaque membre de la famille s’est paré de ses plus beaux atours ! Mais ils sont en noir, comme s’ils portaient déjà le deuil de Louis. Comme s’ils avaient accepté son départ, qu’ils ont ressenti comme un abandon.
Pourquoi Louis est parti ? Quel secret a eu pour effet ce qui a été considéré par tous comme une fuite ? Rien n’est dit précisément à ce sujet. Pourtant… Et si… Dès le démarrage, les personnages féminins sont perruqués et tous, même Antoine a accepté de jouer le jeu, sont maquillés outrageusement. Comme si il fallait montrer à Louis qu’il est accepté dans sa différence. Mais cela est fait en surface, en excès. Tous les maquillages des personnages s’inspirent du modèle des drag queen.
Le respect du rythme de Jean-Luc Lagarce
Jean-Luc Lagarce a de particulier un rythme spécifique à son écriture. Ce rythme amène une dynamique singulière. Nous nous sommes attachés à respecter scrupuleusement le rythme donné par l’auteur à ses personnages, cherchant à nourrir les silences, questionnant les longues phrases entrecoupées de virgules.